Qui se ressemble se recrute

Qui se ressemble se recrute

Oct 21, 2021 | Actualités

Alors que la polarisation politique se durcit et que les recruteurs examinent de plus en plus souvent les profils des candidats sur les réseaux sociaux, une équipe de chercheurs s’est posé la question suivante : l’affiliation politique des individus influe-t-elle sur leurs chances d’être embauchés ? A en croire les résultats, la réponse est un grand « oui ».

Dans la première étude, les participants ont évalué une fausse page Facebook appartenant à un homme américain en recherche d’emploi. La page contenait des signes explicites de son identification à un parti politique (un âne pour les démocrates ou un éléphant pour les républicains, par exemple), ainsi que des informations indiquant son niveau de qualification professionnelle, faible ou élevée. Les participants voyaient, aléatoirement, l’un des quatre profils possibles : démocrate qualifié, démocrate non qualifié, républicain qualifié et républicain non qualifié. Ils ont ensuite indiqué leur propre affiliation politique, dans quelle mesure ils se considéraient comme semblables au candidat, s’ils l’appréciaient ou non et s’ils pensaient que son profil était adapté au poste. Les participants partageant les valeurs politiques du candidat étaient plus susceptibles que les autres de se considérer comme semblables à lui, de l’apprécier et de trouver son profil adapté pour le poste.

La deuxième étude était identique à la première, mais les signes d’affiliation politique étaient plus subtils – images de symboles « pro-choix » ou « pro-vie », publications traitant du Black Lives Matter ou du Blue Lives Matter, images en faveur du contrôle des armes ou suggérant un soutien à la National Rifle Association (NRA). Les résultats observés étaient similaires, et plus l’identification d’un participant à un parti politique était forte, plus l’effet était marqué. Dans les deux études, les qualifications du candidat avaient peu d’influence, par rapport à la convergence ou à la divergence politique.

« Les organisations [pourraient] former les évaluateurs/recruteurs et les managers à éviter de prendre des décisions de recrutement sur des informations aussi peu pertinentes sur le plan professionnel (une approche que certains pourraient considérer comme discriminatoire) ou les dissuader totalement d’examiner les profils des candidats sur les réseaux sociaux », écrivent les chercheurs. Ils ajoutent que les candidats – et même les employés en quête d’une promotion – devraient comparer les avantages qu’il y a à révéler, en ligne, leur affiliation à un parti (une publication expliquant qu’ils dirigeaient une organisation politique à l’université pourrait par exemple faire état d’une expérience de leadership) par rapport au risque de voir leurs chances diminuer.

À PROPOS DE LA RECHERCHE « Political Affiliation and Employment Screening Decisions : The Role of Similarity and Identification Processes », par Philip L. Roth et al. (« Journal of Applied Psychology », 2020).